Résumé:
Les patients et leurs familles, qui souvent refusent l’acharnement thérapeutique, redoutent
également une décision médicale arbitraire qui conduirait à la fin de vie.
Le soupçon d’échec thérapeutique oblige les médecins à réfléchir à l’interruption ou à la
limitation des traitements.
L’extrême difficulté de ces décisions d’arrêt de la thérapeutique active en réanimation, ainsi
que l’absence de critères objectifs et absolus renforcent la nécessité de la formalisation de cette
prise de décision et surtout de son caractère collégial.
Sous l’égide de la Société de Réanimation de Langue Française (SRLF), de nombreux
services de réanimation ont entamé une réflexion sur la limitation et l’arrêt des thérapeutiques
actives (LATA) avant même que la loi du 22 avril 2005 ne soit publiée. L’étude RESSENTI (13)
montrait cependant que la décision ne résultait pas toujours d’une discussion et d’une
concertation. Dans cette étude, d’après les infirmières interrogées, l’autorité médicale était
souvent prétexte à limiter la collégialité de la discussion.
Notre travail permettra d’apprécier l’évolution de la pratique de collégialité et son
influence dans la décision, dans le service de réanimation de l’Institut Gustave Roussy, depuis
la mise en place d’une procédure, et depuis la parution de la loi.
Les résultats de notre étude révèlent que les informations données à la famille sont optimales
sur toute la période étudiée et que celles données aux patients sont en constante augmentation,
mais la traçabilité est généralement insuffisante.
L’apport des paramédicaux fait apparaître les résultats suivants : la moitié des médecins et
69,2 % des paramédicaux le jugeaient « modéré » en nombre, et les trois quarts des médecins et
30,7 % des paramédicaux estiment « modéré » l’apport qualitatif des non-médecins.
Dans notre étude, 87,5 % des médecins se déclarent « toujours » ou « le plus souvent »,
satisfaits de la procédure actuelle contre 76,9 % de l’équipe paramédicale, mais 25 sur 34, soit
74 % de l’équipe, estiment que la réflexion éthique dans le service devrait être plus développée.
L’amélioration de la réflexion éthique dans le service de réanimation à l’Institut Gustave
Roussy, a été favorisée par la mise en place de la procédure écrite et l’évolution de la réflexion
éthique locale avec une influence indirecte de la loi du 22 avril 2005, d’après l’avis des
personnels exerçant en réanimation depuis plus de cinq ans.
Nous relevons une implication inégale entre les médecins et les paramédicaux et surtout de
l’équipe de nuit de réanimation. Le rôle des non-médecins dans cette procédure est modéré et
nécessiterait un développement afin de leur permettre, non seulement de participer à la
discussion, mais aussi, d’apporter les arguments sociaux pouvant contribuer à la prise de
décision.