Résumé:
L’émergence de l’attitude expérimentale de la médecine fondant la recherche
biomédicale apparaît avec Claude Bernard en 1865, date de la parution de
l’ «Introduction à la médecine expérimentale ».
Avant lui, la pensée du monde médical reposait essentiellement sur l’enseignement
dogmatique, l’intuition et les jugements personnels des chercheurs.
Avec l’attitude expérimentale, apparaît une méthodologie rigoureuse de l’essai.
Toutefois, ce progrès n’est que partiel car les patients ne sont pas alors vraiment
impliqués dans la recherche ; de plus, l’absence de démarche systématisée laisse
l’appréciation de la dangerosité de la recherche au libre arbitre du chercheur.
L’Académie de Médecine est, à l’époque, l’un des seuls organes, facultatif, de régulation
et de jugement de la recherche par les pairs du chercheur. Elle ne dispose pas d’un
pouvoir contraignant.
L’insuffisance de l’autocontrôle exercé par les chercheurs sur leurs travaux, sans règles
éthiques claires et obligatoires, est évidente dès le début du XXème siècle.
Le procès de Nuremberg va montrer le risque ultime de cette situation; les règles qui en
émergent, rassemblées sous le nom de Code de Nuremberg, s’avèrent rapidement
insuffisantes pour éviter de graves abus.
En 1964, la déclaration d’Helsinki apporte un progrès décisif dans la maîtrise de la
recherche bio médicale en prévoyant sa régulation grâce à la présence d’un comité
indépendant. Toutefois, les conditions d’ouverture de la composition de ce comité vers
des membres choisis en dehors des pairs des chercheurs ne sont pas fixées
réglementairement, laissant ainsi le champ libre à des risques de dérives. Elle fixe
néanmoins des principes forts devant servir de référence au chercheur dans la conduite
de ses travaux.
L’émergence de la société civile dans la régulation de la recherche va s’effectuer en 1973
dans le monde anglo-saxon. A cette date, les principes sont clairement précisés ainsi que
les règles éthiques concernant le respect des personnes, la « bienfaisance » et le principe
de justice ; elles mettent la personne au centre de la recherche.