Résumé:
Les indications d’extractions de dents saines permanentes en orthopédie dento-faciale, font l’objet
de controverses entre extractionnistes et non extractionnistes depuis le début du siècle. Le but de ce
travail est d’évaluer dans quelle mesure la réflexion éthique peut apporter de nouveaux éléments de
réponse à cette problématique.
Un travail de recherche bibliographique nous a permis d’isoler trois évènements qui, dans les
origines historiques de cette décision médicale, posent un problème d’éthique :
- Le postulat selon lequel les extractions dentaires devaient permettre d’éviter les récidives post
thérapeutiques, s’est avéré inexact a posteriori.
- Une approche trop parcellaire de l’extrémité céphalique lors de la recherche de l’étiologie des
dysmorphoses n’a pas permis aux orthodontistes d’appréhender à leur juste valeur les thérapeutiques
alternatives aux extractions, en particulier l’expansion orthopédique précoce maxillo-nasale et les
bénéfices respiratoires qui y sont associés.
- Le développement des appareillages fixés, facilitant les déplacements dentaires de grande amplitude, en
particulier dans les traitements avec extractions, a modifié les données de cette décision médicale.
L’enquête que nous avons menée auprès de 58 adultes a révélé que pour 93% d’entre eux la
réduction du capital dentaire liée à ces extractions, constituait la première de leurs préoccupations, face à
cette proposition thérapeutique.
Pourtant, sur les onze praticiens avec lesquels nous avons eu un entretien, huit indiquent que le
consentement aux extractions de dents saines ne pose plus les problèmes du passé. Dans un contexte
médiatique, où les extractions tendent à être banalisées, cette préoccupation non formulée au cours de la
consultation, pose le problème de la relation patient praticien.